P : Quels sont les types de problèmes ou de difficultés que vous avez rencontré en lançant ce projet ?
G.P : Nous étions deux docteurs en physique, nous n’avions aucune connaissance en entrepreneuriat, et finalement une légitimité très mince sur les sujets climatique, mais nous avions une envie irrépressible d’informer les gens de la crise qui nous menace. Notre objectif était de rendre la recherche scientifique climatique accessible au grand public. Et comment ça s’est fait en pratique : nous avions rejoint un incubateur pour étudier la faisabilité du projet et définir son cadre légal, technique, etc. Après trois mois dans cet incubateur, nous étions sortis avec l’idée de faire des formations, d’abord dans des écoles, puis dans des entreprises aussi. Aujourd’hui, nous avons bien grandi et sommes bien mieux identifiés dans le paysage énergie/climat, ce qui nous permet d’exercer notre activité confortablement, que ce soit pour des formations, des calculs de bilan carbone, des stratégies climat et conseil en entreprise, du développement de matériel pédagogique sur-mesure…
P : En échangeant avec différents clients (entreprises, étudiant·e·s…), avez-vous remarqué une évolution du rapport qu’ont ces clients avec les sujets écologiques, ou des tendances qui se dessinent selon le profil du client ?
G.P : Sur trois ans, nous avons clairement vu une inflexion de prise de conscience, en commençant par les étudiant·e·s, qui sont beaucoup plus convaincu·e·s et engagé·e·s aujourd’hui. Et même la formation qu’on leur propose a évolué en conséquence : avant, c’était juste une sensibilisation, aujourd'hui c’est un approfondissement et une montée en compétences. Pour les entreprises, les demandes augmentent beaucoup aussi car c’est devenu un enjeu d’image, de marketing, de recrutement… L’exemple le plus typique c’est le bilan carbone : il y a quelques temps, les entreprises qui voulaient faire un bilan-carbone passaient pour des avant-gardistes, maintenant ce sont plutôt ceux qui ne le font pas qui sont à la traîne. Toutefois, le niveau d’implication en faveur de ces enjeux reste très disparate et dépend du secteur d’activité, du ou de la dirigeant·e, de la culture de l’entreprise…
P : Quels sont, selon toi, les problèmes qui limitent encore la transition écologique ?
G.P : Vaste question, mais je dirais que c’est de manière prioritaire la prise de conscience. Heureusement, on est aujourd'hui au début de l’exponentielle, et chaque jour qui passe, le monde est plus conscient des enjeux climatiques. Il y a également des aspects cognitifs, ces choses dont on parle restent des sujets impalpables qui sont extrêmement difficiles à intégrer, donc il faut fournir un grand effort d’abstraction pour vraiment comprendre les processus qui sous-tendent le règlement climatique.
La transition écologique nécessite des changements radicaux dans la société et dans notre mode de vie : consommer moins, renier à son confort… C’est très difficile, une partie des gens a tendance à se réfugier dans une forme de déni… qui ne durera pas bien longtemps !
P : As-tu des conseils pour construire une carrière à impact sociétal et écologique ?
G.P : Se renseigner, et questionner la finalité de ce qu’on fait. Se dire qu’en tant qu’ingénieur·e, j’ai des compétences et j’ai envie de répondre à un problème qui touche la société. Où est-ce que je peux m’insérer pour avoir une valeur ajoutée sur des sujets spécifiques ?
P : Et plus particulièrement, as-tu des conseils pour le choix du premier emploi ?
G.P : Pour moi, un premier emploi, ce n’est pas forcément un choix définitif. Il faut bien y réfléchir, certes, mais il ne faut pas se dire que ça va entériner ta carrière professionnelle. Il faut se déstresser, et surtout, ne pas rester dans un choix qui te déplait.